Au cœur des Trente Glorieuses, de 1956 à 1964, l’histoire croisée d’un Polonais, d’un Marocain et d’un Belge exerçant leur activité en France du Nord entraîne dans son orbite les destinées de femmes, d’hommes et de familles qui vont composer avec la population autochtone un ensemble de relations éphémères ou durables, susceptibles parfois de bousculer les traditions voire de modifier les habitudes sociétales vécues avant leur arrivée. Sur fond de chevalements charbonniers et de cheminées de hauts-fourneaux, au milieu des champs de houblon et de betteraves, à la proximité de l’Escaut et de la Deûle, Stéphane Walkowiak, Hassan Selouani et Léopold Vanpoucke permettent de mieux appréhender la genèse de la classe ouvrière, si profondément marquée par les deux guerres mondiales. S’agissant de l’histoire sociologique des immigrés, leurs témoignages proposent des explications aux vagues fascistes et xénophobes qui déferlent sur le plat pays. L’histoire des trois protagonistes se révèle un excellent prétexte pour évoquer quelques aspects inattendus de la Pologne, du Maroc et de la Belgique.