Le portrait sensible d'un écrivain à la fois " culte " et méconnu, Louis Wolfson, dont les livres fascinèrent Queneau, Sartre, Beauvoir, Foucault, Deleuze, Paul Auster, Le Clézio...
Que faire quand tout fout le camp ? À quoi se raccrocher ? C'est la question que se pose Étienne tandis qu'il assiste, impuissant, à l'inexorable déclin de son frère atteint d'un cancer. Alors que ses yeux balayent les rayonnages de sa bibliothèque à la recherche d'un signe ou d'un soutien, un livre s'impose à lui – un livre étrange, incandescent, au titre halluciné : Ma mère, musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mille977 au mouroir Memorial à Manhattan.
Né en 1931, son auteur s'appelle Louis Wolfson , il est américain, schizophrène, et s'est fait connaître dans les années 1970 en publiant chez Gallimard un premier chef-d'œuvre intitulé Le Schizo et les langues , préfacé par Gilles Deleuze et encensé par Queneau, Sartre, Beauvoir, Foucault, Paul Auster, Le Clézio ...
Ma Mère, musicienne ... est son deuxième livre. Comme l'annonce son titre, Wolfson y raconte l'agonie de sa mère atteinte d'un cancer. Dans ce jeu de miroir avec l'épreuve qu'il traverse, Étienne va trouver non les réponses qu'il cherchait, mais peut-être bien plus encore : un mystère. Qui est Louis Wolfson ? Quel est le secret de son écriture fulgurante ? Comment et pourquoi ce New-Yorkais d'origine a-t-il rédigé ses livres en français ? Est-il vraiment le " cas " pathologique qu'en ont fait Deleuze et la psychanalyse, ou plutôt un écrivain à part entière au " pouvoir d'évocation ravageur ", comme l'a pressenti Paul Auster ? Qu'est-il devenu depuis la parution du Schizo et les langues ? Les plus folles rumeurs courent sur son compte : il aurait mené une vie de clochard, errant de Chicago à Porto Rico en passant par Montréal, avant de devenir multimillionnaire en gagnant à la loterie, puis de tout perdre dans des placements hasardeux... Depuis quelque temps, plus personne n'aurait entendu parler de lui. Pas de corps, pas de lettre, rien. Wolfson semble s'être tout bonnement volatilisé. Est-il encore vivant ? Et surtout, au fil de son existence cabossée, a-t-il écrit d'autres textes restés impubliés ?
Pour Étienne, c'est le début d' une obsession qui l'entraînera dans une quête fascinante et l'accompagnera sur le douloureux chemin du deuil. Nourri de nombreux documents et témoignages, dont ses échanges avec Paul Auster , son récit brosse un portrait sensible, impressionniste de l'écrivain maudit et nous fait redécouvrir son œuvre inclassable. Elle nous offre aussi une méditation poignante et pleine de pudeur sur les pouvoirs de la littérature et sa capacité à répondre à notre besoin de sens par ses énigmes et ses sortilèges.