Dimension incontournable de notre humanité, condition de nos pauvretés, de nos maladies et de nos peines autant que de nos relations d'amour et de tendresse, la fragilité humaine soulève des réactions ambivalentes de rejet et d'accueil. Dans une société où les valeurs d'autonomie, de maîtrise et de performance prédominent, celles et ceux qui rendent visible notre fragilité commune subissent souvent des formes de dépréciation, voire de discrimination. Écarter la fragilité de l'ordre du langage explicite et, le cas échéant, de l'acte de soin ne veut pas dire qu'elle n'existe pas implicitement dans l'existence de chacun. À contre-courant, les spécialistes ici rassemblés affirment que la grandeur d'une société se mesure à l'aune de la prise en compte de la fragilité de tous ses membres, spécialement ceux qui se trouvent en situation de grande précarité physique, psychique, morale ou spirituelle.

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Human frailty, this unavoidable facet of our humanity, the condition that accompanies poverty, illness and anguish as well as love and affective relations, provokes ambivalent reactions of compassion and rejection. In a society where the values of self-sufficiency, self-control and high performance prevail, people who bear witness to our common frailty are often subjected to forms of disparagement, even discrimination. Explicitly banning the word frailty from everyday vocabulary and, if need be, from the act of healthcare, does not implicitly banish it from our lives. Fighting against the tide, the specialists assembled here assert that a society’s value is measured by its capacity to take into account the vulnerability of all its members, especially those who are in a situation of great physical, psychological, moral or spiritual precariousness.