“Mon acte de naissance est incomplet : il me manque un père lâche et répudié dont ma mère n’a pas voulu une fois qu’ils m’eurent mis en route.” Ainsi par le Yves Salgues du commencement de lui-même. Au-delà de l’état civil, dans l’absolu sévère et capricieux du Temps, l’aube de l’homme est inscrite dans l’alphabet de sa mémoire : elle y épouse son cours et s’y confond. Le lit du courant est ici celui d’un fleuve dont le flot noir irrigue notre histoire et baigne le cœur d’Yves Salgues de son écume brune, sauvage et enchantée. Sur ce Rhin noir des filles-fées débarquent une fille-mère de vingt ans, Paule, et l’objet majeur de sa vie : Yves, qui en compte à peine quatre. En René Salgues (alors soldat dans l’armée d’occupation), ils viennent rendre visite à la splendeur et au maléfice, au génie dont ils tiennent leur talent, le romanesque d’une vie intense et leur rôle de vedettes captives dans cette tragédie qui déjà les enchaîne, héros d’un Triangle éternel. René couvre sa sœur Paule d’une passion obsédée, agressive, étouffante, qu’elle réprouve et refuse. Comme elle dit tendrement “non” au harcèlement sexuel auquel la soumet son fils, Yves, enfant précoce et surdoué. Saine et résolue, Paule poursuit sa quête sensuelle : sans une concession aux deux mal-aimés qui hantent ses jours. De la Rhénanie d’automne au Périgord noir du soleil des loups l’étrange troïka est lancée à tombeau ouvert dans une équipée tragi-comique où les dieux du théâtre et ceux du football jouent un grand rôle, mais sur laquelle veillent aussi les déesses de l’adversité, la folie et la maladie - incurables comme l’amour. Il n’y aura de répit possible que dans la mort. Avec le Triangle éternel, Yves Salgues a écrit le roman vécu de la triple aliénation sexuelle. Journaliste professionnel de réputation internationale, il revendique aujourd’hui le simple honneur d’être un écrivain reconnu.