M. Bourdot était un homme de cinquante-deux ans ; il avait cinq pieds quatre pouces, beaucoup de ventre, peu de cheveux, le nez gros, la bouche immense et les yeux petits.

Madame Bourdot était âgée de cinq ans de moins que son mari ; elle avait été fort jolie, disait-on, elle possédait même encore ce qu’on appelle de beaux restes, — Défiez-vous des femmes qui ont de beaux restes ! — mais, telle que nous devons vous la représenter, en commençant cette véridique histoire, ce n’était, à notre avis, qu’une masse de chair, tournant à droite et à gauche, selon que cela était nécessaire, mais avec des difficultés visibles, surmontée d’une tête pointue, où l’on apercevait encore une bouche essayant de temps à autre de sourire pour exhiber des dents assez blanches, un nez aquilin, — l’organe de l’individu qui avait le moins souffert, — et des yeux bleu-faïence sans expression.

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIX^e siècle.