Jean-Pierre Gibrat a 54 ans. Il vit en Normandie.On pourrait distinguer, trois époques dans sa bibliographie.Au cours de la première, de 1978 à1996, il est exclusivement un dessinateur, talentueux déjà, au service de scénarios écrits par d’autres : Jackie Berroyer, pour les Goudard et La Parisienne, Guy Vidal pour les Missions des Médecins Sans Frontières et Daniel Pecqueur pour Marée basse. Parallèlement, ses illustrations en couleurs, séduisent les rédactions de nombreux magazines : Le Nouvel Observateur, L’Événement du jeudi, Le Figaro magazine, Elle, etc.La deuxième débute en 1997 avec la publication du premier tome du Sursis. Suivie du tome 2 en 1999 et du Vol du corbeau, tome 1, en 2002, elle s’achève avec la parution du second volet de ce même Vol du corbeau en 2005. Le changement, fondamental, de cette période, c’est que Jean-Pierre Gibrat écrit lui-même ses histoires, se révélant un conteur et un dialoguiste hors pair. Et c’est en écrivant pour lui-même qu’il ose pousser plus loin son dessin, élégamment plus maîtrisé, et qu’il donne à ses couleurs la générosité de la séduction.La troisième période commence avec la parution, en octobre 2008 chez Futuropolis, de Mattéo, première époque, 1914-1915. Jamais Jean-Pierre Gibrat n’avait donné à son écriture un tel éclat. Son dessin n’est pas en reste, s’affranchissant plus que jamais de la pesanteur de l’encrage, plus libre dans son expression, comme ses couleurs. Il s’émancipe du superflu pour tendre à l’essentiel : la narration, le sens et la lumière.