Les psychoses collectives sont des troubles mentaux au sens le plus général. Elles sont des délires quand les acteurs sont en nombre limité et localisés dans une famille, une maison, un quartier. Sans être délirantes, elles ont un caractère passionnel dans une foule ou un groupement et les acteurs n’ont pas la conscience de leur état pathologique. Chaque psychose a son complexe idéo-affectif prévalent, idée de persécution, de sorcellerie dans les cas familiaux ; état passionnel de peur, d’amour, de justice, de religion, de politique dans les psychoses de groupe. Dans les formes les plus simples, il est classique d’admettre un élément inducteur délirant actif et un élément induit passif, qui subit l’influence de l’inducteur délirant. En général, la séparation permet la guérison du délire chez l’induit. Dans les psychoses de foules ou de groupes, l’idée prévalente, motivation intellectuelle, est moins l’œuvre d’un individu que des circonstances de temps et de lieu qui ont déterminé une anxiété, justifiée ou non ; l’idée prévalente peut paraître raisonnable, mais elle est animée par un état passionnel qui diminue l’autocritique et dirige les actes. La propagande utilise tous les moyens actuellement multiples et puissants : presse, radio, télévision. La conviction unilatérale du droit s’établit pour atteindre le but par tous les moyens, y compris la violence et le meurtre. C’est un délire d’action. Sous toutes leurs formes les psychoses collectives peuvent être une cause de trouble dans la vie d’une famille et même dans la paix d’une nation. Les suicides collectifs sont, en général, mis au compte de la mélancolie avec une motivation altruiste. En réalité, leurs causes et leurs mécanismes sont divers et il faut faire appel à d’autres motivations.