« Qu'avons-nous besoin désormais d’anglaises à qui il est convenu de laisser l’apanage du roman poétique, puisque, nous aussi, avec Le Prince qui m’aimait, nous possédons notre roman de fée... Un livre de Michel Davet, c’est un miracle pareil à une journée de vacances... Son talent est celui d’un écrivain qui possède le charme de la prose française, comme l’aubépine et l’églantine possèdent la sève qui les fera fleurir... » C’est en ces termes que la critique unanime salua l’apparition de la jeune romancière. Toutes les promesses, toutes les réussites que ce début permettait d’entrevoir, devaient s’accomplir. Une lampe sur la marche, Douce, Joli-Cœur, Ma Belle-Mère l’ogresse : autant de romans où s’affirmèrent des dons sans analogue dans la littérature féminine contemporaine. Pour définir cette beauté sans artifice, ce pouvoir de transfiguration poétique, et ce style inimitable comme un regard, André Rousseaux évoquait Pierre Loti, Alain-Fournier... Sœur unique de ces écrivains de charme, Michel Davet montra, dans Câline et son gitan, qu’elle pouvait s’annexer les domaines de la tragédie contemporaine, sans perdre aucun de ses privilèges. Son nouveau roman nous fait vivre l’histoire d’une jeune génoise, mariée au début du siècle à un homme de proie qui la séquestre dans son palais de Venise. Fouillant jusque dans les recoins les plus obscurs de l’avarice et de la sensualité, mais aussi réveillant le sens de la magnificence et le goût stendhalien du bonheur, il est peu de livres où la magie vénitienne ait été accordée à l’histoire d’un amour avec autant de grâce, de délicatesse et d’éclat.