Les verts paradis, chantés par Baudelaire, ce sont ceux des amours enfantines. Mais pour une petite fille de treize ans comme Piera Innocenti, qui appartient à une misérable famille de réfugiés italiens empilés dans une pièce d’un ancien palais de la banlieue de Florence, il n’y a pas d’amours enfantines. Si elle s’échappe de son logis sordide, c’est pour tomber sur les réalités les plus crues de l’existence. Si elle cède, avec un mélange de peur et de curiosité, aux étreintes maladroites du jeune « caïd » d’une bande de garçons, c’est pour devenir mère, à quatorze ans. Et pour qui la société, prévoyante, a-t-elle fait construire les maisons de redressement, sinon pour Piera ? Julia Chamorel pénètre avec une très fine intuition romanesque dans cette jungle grouillante, cruelle et naïve. Son héroïne, Piera, encore enfant quand déjà elle devient femme, si bien que le malheur ne peut rien contre son innocence, imprimera dans le souvenir de tous les lecteurs un visage poignant et pur.