Ils étaient orphelins, dépossédés d’amourElle était une rivière aux larmes indécelablesIl était naufragé, touché par le destinIl était écrivain, aux yeux noircis du deuilElle était cette païenne jugée par le croyantElle était une sorcière reniée par ses fidèlesIl était ce conflit qui jamais ne prit finIl rêvait de rêver, dans un monde loin des rêvesIls étaient un pouilleux, et un Dieu asserviIl était ce miroir et ce monde sans soleilIl était hypnotique, et elle était sa proieIl était une rose, une larme, une proseElle était condamnée à l’hiver éternelIls étaient ces amants, de ceux qu’on dit mauditsIls étaient une enfant et l’héritage d’un ange Ils étaient ces parias, déchus et dérisoires, divins ou dominés. Ces êtres au destin sombre, comique ou bien cruel, qui trouvèrent bien souvent refuge dans les ténèbres. Où s’orchestrent les maux et s’entrelacent les ombres. Mais au cœur de la brume, aux portes de l’oubli, une plume enténébrée, maladroite et rêveuse, vint cueillir ces récits de l’amnésie céleste.Au coin de l’âtre abandonné où valsent les cendres froides, sa tige entama l’épopée de ces bien tristes âmes. Celles qui, pour le commun des mortels, ne méritaient point un soupçon d’empathie.Mais qui, dépeintes une à une par cette plume à l’encre noire, gravèrent dans le grand vide une symphonie des ombres.Une symphonie pour l’éploré qui, épris du langage taciturne du ciel, l’écoutait fredonner dans le vent les légendes perdues des Hommes, des étoiles et des Dieux.