« Tu n’es pas sans hommes.
— Si tu fais référence à la communauté de chanoines qui m’entoure, ça ne compte pas.
— Ce n’est pas ce que je veux dire, idiote. Les hommes de ta vie sont en toi, non ?
— C’est une allégorie très inadéquate.
— Ils sont là, dans ta mémoire. Ils ont marqué ta chair. Tu peux les utiliser. Fais-les rejaillir. Place-les à tes côtés. Cartographie. Analyse. Peut-être qu’elle est là, ta source. S’ils sont la condition de ta créativité, invite-les à ta table. »
 
Apolline vient d’avoir trente ans et elle s’est – encore – fait briser le cœur. C’est la fois de trop. Au lieu des anti-dépresseurs tant espérés, son vieux docteur lui prescrit… un mois sans hommes. Ironie du sort, son éditeur vient de lui commander un essai à sa sauce sur le découragement. Vu l’état de ses finances, elle ne peut refuser.
Elle quitte alors la ville-monstre de son enfance pour poser ses valises dans la maison inhabitée – et décrépie – de sa tante, à Conques, village de carte postale sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Entre Frère Charles, séduisant moine de l’abbaye qui tente de la convaincre des vertus de la prière, et son éditeur qui la presse d’écrire son livre, Apolline perd pied. Privée d’un remède médical approprié, elle doit faire avec les moyens du bord  : s’inspirant d’un manuel de magie blanche retrouvé dans le grenier, elle décide de revisiter une à une ses relations avec les hommes de sa vie. De l’inégalable Ulysse à Olivier l’homme marié, de Sébastien le saxophoniste au fantôme d’Henry Miller, elle remonte le fil de ses histoires d’amour, de ses belles aventures et de ses grosses déceptions, pour enfin se libérer du passé.
Daphné Tamage signe un étonnant roman d’apprentissage et nous livre une réflexion toute en finesse sur la féminité, l’amour et la spiritualité.