Ayant terminé la mission dont il était chargé en Amérique du Sud, Bernard prend l’avion pour Paris. C’est un homme jeune encore, que la guerre a blessé, et qui trompe son angoisse par des évasions successives. Au départ de la latitude 20, il aperçoit une jeune fille dont la gravité et le naturel l’enchantent. Il devine, puis contemple en Dulce, l’unité qu’il n’a jamais su réaliser mais dont il a la nostalgie. Bien entendu, il trouve le moyen de s’asseoir auprès d’elle. Et c’est le ballet de la séduction en plein ciel, les surprises et les petites feintes du cœur, rendu tout d’un coup pathétique par un moteur qui s’enflamme. L’avion arrivera à se poser, non sans avoir frisé la catastrophe. Escale tendre... Ce récit s’entrelace avec le monologue par lequel Bernard nous livre ses pensées, où alternent la mélancolie et les élans d’une jeunesse qui cherche sa guérison. Le respect de la réalité, dans la description des paysages de l’air et des ennuis mécaniques d’un avion en difficulté, ajoute au charme insidieux de cette migration intérieure. En approchant du terme du voyage, Bernard appréhende le moment qui le laissera une fois de plus en face de lui-même. Aura-t-il jamais la volonté de conduire sa vie dans le sens des aspirations profondes de sa nature, Dulce ayant suscité en lui la ténacité qui lui manque ? Quand enfin l’avion se pose, après avoir survolé Paris, deux êtres ont peut-être dit oui à leur destin.