La Ve République a plus de cinq ans. Ses deux gouvernements ont disposé des pouvoirs les plus étendus : ceux qu’attribuait la Constitution, ceux qu’ils ont demandés et même, parfois, ceux qu’ils ont pris. Leur stabilité n’a dépendu que d’eux : si les ministres ont changé, c’est sur la seule initiative de leur chef de file. Pendant une longue période le Pouvoir a donc réuni tous les moyens d’une politique dynamique et efficace. Pourtant, quand on examine son œuvre, on est frappé par sa timidité. Rien de profond n’a été changé. Jamais on n’a plus vécu dans le conservatisme et ce qu’on réussit de mieux c’est l’ancien amélioré. Issu de l’administration puis des affaires, l’auteur offre la particularité de n’appartenir au personnel politique ni de l’une ni de l’autre République. Il n’est venu à la politique en 1957 qu’avec l’espoir de contribuer à la recherche d’un régime plus stable. Il a donc approuvé la Constitution, tout en redoutant l’usage qui en serait fait. Ses craintes n’étaient que trop fondées. Il a tenté dans des articles, dans des interventions au Sénat de multiplier les avertissements — et le plus souvent aussi de formuler des propositions. Critiques et suggestions tombent dans le même silence glacial. Il a cru nécessaire de reprendre ici quelques-uns des textes écrits au cours de ces cinq années parce qu’ils conservent toute leur actualité et que l’ensemble des propositions qu’ils comportent est de nature à montrer qu’il existe au gaullisme une issue qu’il croit meilleure.