Les biographies de ces Femmes d’esprit qu’évoque M. Marcel Pollitzer, débutent dans les premières années du dix-septième siècle avec la marquise de Rambouillet, pour se terminer au dix-neuvième jusqu’où vécut Mme de Staël. Période chargée d’histoire, d’intrigues, de conflits, traversée par la Révolution et pendant laquelle la France, déchirée, se reconstitua sous l’Empire pour sombrer de nouveau. Malgré les malheurs de toute sorte, les angoisses, les drames, la vie de société ne cessa guère et c’est pourquoi les femmes y tiennent tant de place. Celles que dépeint M. Pollitzer sont très diverses. Imagine-t-on caractères plus opposés que ceux de Ninon de Lenclos, devenue courtisane sans cesser d’être grande dame, de Mme de Maintenon, de Mme d’Épinay, de Mme de Staël, pour ne citer que celles-là ! Elles ont néanmoins en commun cet esprit si brillant qui leur est accordé à toutes. Un savoir aussi, qui, chez beaucoup d’entre elles, va jusqu’à l’érudition, une façon enfin de s’imposer avec aisance et tout naturellement par la vertu de la supériorité intellectuelle. On mesure la puissance d’un tel actif en lisant l’ouvrage de M. Pollitzer, on comprend comment ces femmes parvinrent à jouer un tel rôle et par quel effet d’une grâce toute spirituelle il fut toujours donné à Mme de Staël, dont les attraits physiques étaient des plus faibles, de réunir autour d’elle une cour d’hommes où figuraient les plus brillants du temps. Ainsi la petite histoire, dont ce livre nous fournit les enseignements, rejoint-elle et éclaire-t-elle la grande. Disons même que bien souvent, sans la première, on aurait quelque peine à comprendre l’autre.