Le taxi s’arrêta après le Fémina, à l’angle de la rue de Douai. Le chauffeur passa un bras à l’extérieur, et redressa le drapeau... Depuis la tombée du jour, la pluie n’avait pas cessé. Sans prendre le temps de relever le col de son imperméable, Michèle traversa le trottoir en courant et entra au Bar de la Poste. Mario n’était pas encore arrivé. En l’attendant, Michèle commanda un grog... Le patron, assis derrière la caisse, regardait le garçon découper une rondelle de citron, avec l’air dégoûté d’un homme du monde qui aperçoit une limace sur sa salade. Michèle vida son verre brûlant à petites gorgées. Que pouvait lui vouloir Mario ? Ses amies l’avaient prévenue. Il avait plus ou moins été mêlé à des histoires de trafic de femmes entre Paris et Alger. Mais les gens sont tellement méchants, toujours prêts à voir le mal partout. Elle n’était plus une gamine, et elle devinait, chez ce garçon sympathique, un grand élan de sincérité. Quand elle comprit la vérité, il était trop tard.