Dans un poste isolé du Sud marocain, où quelques officiers français et une poignée de goumiers font régner l’ordre sur un territoire grand comme trois départements français, le docteur Henrik se dévoue corps et âme à ces populations indigènes qu’il a appris à connaître, à respecter, à aimer. Ce héros de la guerre 39-44 a, sous l’Occupation allemande, sans le vouloir, causé la mort de sa fiancée chez qui il avait trouvé refuge au cours d’une mission dangereuse. Il vit depuis avec le souvenir de ce grand amour disparu. Appelé un jour au chevet d’une jeune berbère, il la sauve en l’opérant d’urgence ; mais la guérison de la malade est accueillie avec regret par les indigènes, qui eussent préféré voir celle-ci succomber. C’est que Sâadia a « le mauvais œil » : autour d’elle, les présages néfastes s’accumulent... Rejetée par les habitants du village, Sâadia est recueillie par le docteur Henrik qui se prend pour elle d’un attachement secret. De son côté, Sâadia éprouve pour son sauveur un amour que sa fierté lui interdit de laisser paraître. Une épidémie de peste se déclare dans la région ; seule pourrait l’enrayer l’arrivée rapide de vaccins. Par malchance, l’avion chargé du précieux sérum est forcé d’atterrir dans le désert, et sa cargaison est capturée par des pillards qui exigent, pour la restituer, une forte rançon. C’est alors que Sâadia, pour rompre le cercle maléfique dont elle se sent obscurément le centre, rejoint le chef des pillards, le poignarde et ramène les vaccins au docteur Henrik. Grâce à elle, l’épidémie est circonscrite. Mais l’ensorcellement reparaît sous une autre forme et, bientôt, un mal mystérieux frappe à son tour le docteur... Un grand film en couleurs a été tiré de Sâadia. La scène extraordinaire, au cours de laquelle Sâadia est « désenvoûtée », et bien des épisodes, font de ce livre à la fois un roman d’amour, d’action, et un passionnant reportage sur le monde occulte de l’Islam.