Ce roman est une satire ; or s’il n’est rien de plus sérieux qu’une satire, cela n’empêche pas de rire un peu.
Le désir d’Insulte m’est venu à la lecture du livre d’un auteur américain à succès dont je ne me rappelle pas le nom (mauvaise conscience) malgré tous mes efforts. Le héros souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette arpente le pavé de Brooklyn en éjaculant fort mal à propos des propos [sic] qui ne lui apportent que désagréments dans ce milieu de la petite pègre où il s’agite.
« Puis-je transposer ce concept sans faire de tort à cet écrivain respectable et me voir traîné devant les tribunaux pour plagiat manifeste ? » me demandais-je ; « et puis, quoi faire de ce tic, comment le transposer ? »
Après deux ou trois ans de vague maturation, la chose exigea d’être couchée par écrit.
— Ne vous inquiétez pas Madame Bellon, ne vous inquiétez pas, cela me ferait de la peine. Ce n’est rien. De temps à autre, figurez-vous... ce n’est rien, cela me prend parfois de dire un mot ou deux dans le vide. Ils ne sont adressés à personne en particulier voyez-vous... à personne je vous rassure. Ce sont... juste des mots qu’il m’arrive de prononcer à voix haute comme pour les essayer dans l’air vous voyez ? Pour savoir comment cela sonne, comment cela s’entend, les mots. Il ne faut pas faire attention, c’est un test, un test à tétons — à tâtons veux-je dire. Un test que je tente rarement, le plus rarement possible à vrai dire, afin de ne déranger personne, mais il arrive que malgré tous mes efforts, toute ma contention, un ou deux mots m’échappent, sans intention particulière, comme à un poète il faut dire à voix haute ses vers pour les comprendre, savoir s’ils chantent ou pas, vous comprenez ? Je vous prie de ne pas vous inquiéter, cela ne se reproduira plus, je vous assure, je ne tiens pas à vous faire perdre votre clientèle de tap — tapinois-tapis-persan ! vous aimez les tapis noirs ? Je vais de ce pas vous en acheter un beau pour me faire pardonner cette incartade, je me sentirai mieux, cela me fera plaisir. Cela vous plairait-il ? Je l’espère. Cela me redonnera le courage d’apparaître devant mes semblables sans mourir de la honte d’avoir dû... de la honte d’avoir dû un court instant m’écarter d’eux et leur donner à croire à mon insu qu’ils s’écartaient de moi, ce qui est un sentiment pénible lorsqu’on saperlipopute ! » « Pardonnez-moi, c’est une crise de mots, je me retire, j’ai tout lâché... Une bonne journée Magame, une bonne journée ! J’ai des médicamenteurs dans ma trousse, cela va passer tout de suite et mon cul dans ton cuuuuul, met ta main dans la mieeeeenne... ! »
Vaincu par le parasite, je m’étais mis à vocaliser comme à l’opéra.
Du même auteur en ebooks : Couleur locale, Cantine, LOUIS, Hébride Nouvelle, mour.
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Editeur : Libres d'écrire
Publication : 18 août 2015
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [Mobi/Kindle + PDF + WEB + ePub]
Contenu(s) : Mobi/Kindle, PDF, WEB, ePub
Protection(s) : Marquage social (Mobi/Kindle), Marquage social (PDF), DRM (WEB), Marquage social (ePub)
Taille(s) : 1,35 Mo (Mobi/Kindle), 1,27 Mo (PDF), 1 octet (WEB), 389 ko (ePub)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3442
EAN13 Livre numérique eBook [Mobi/Kindle + PDF + WEB + ePub] : 9782368451731
lePetitLitteraire, Nathalie Roland
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