RUPTURES ET NORMES DÉCLINAISONS ET DEGRÉS DE NON-CONFORMITÉ Les articles réunis dans cet ouvrage traitent de sources de normes très variées et de forces normatives d'intensités différentes. Les États napoléonien et franquiste exercent un pouvoir autoritaire, voire dictatorial, sur des comportements sociaux et des productions culturelles. En revanche, les États canadien et québécois du XXIe siècle utilisent leurs pouvoirs législatifs et réglementaires pour établir des normes progressistes par rapport aux comportements familiaux. L'Autorité et la société palestiniennes, déjà peu enclines à accepter l'homosexualité en temps de paix, la poussent à la clandestinité lorsque le con it avec Israël s'intensi e. En dehors du champ d'action de l'État, on trouve des sources normatives comme les corps religieux, intellectuels, artistiques ou littéraires qui établissent des normes plus ou moins contraignantes à leur niveau. Quelle que soit la source des normes qui s'imposent à nous, les articles de ce numéro mettent en évidence le fait que nous les rencontrons, en premier lieu, au niveau individuel. Les personnes qui se trouvent ou qui décident de se mettre en rupture avec les normes expriment leur agentivité et conçoivent des manières de vivre ou de surmonter les conséquences de la non-conformité, même dans les situations les plus extrêmes, en contournant, négociant, contestant ou rejetant ces normes. Certains individus choisissent sciemment la non-conformité pour y trouver de la créativité, de l'épanouissement ou de la liberté personnelle ou sociale. Bien que vécue d'abord sur le plan individuel, la rupture normative peut devenir un point de ralliement, voire de solidarité, pour des personnes partageant les mêmes idées ou comportements. En arrivant à une masse critique, ce ralliement a le pouvoir de faire évoluer l'ordre établi ou de construire un ordre parallèle.