Les aphasies ont souvent été, non seulement un objet biomédical ou linguistique, mais aussi un objet philosophique, à tel point que l'on peut affirmer qu'une part importante de la pensée française s'est définie par rapport aux explications neuro-psychologiques (Bergson, Cassirer, Merleau-Ponty...). Quel statut et quelle valeur leur reconnaître, quel enseignement en tirer, quel avenir leur prédire ? La lecture critique de l'explication des aphasies constitue un moment remarquable de cette interrogation récurrente. Cet ouvrage est consacré à l'analyse des affirmations de quelques auteurs (Gall, Broca, Wernicke...) et les investigations cognitives sur ces aphasies ainsi qu'à l'étude des aphasies elles-mêmes : ce que l'on sait et ce qu'elles sont, l'histoire complexe de leur formation, les extrapolations qu'elles permettent par rapport au langage. Ce travail pose la question philosophique du langage (de sa possibilité, de la relation avec celui qui s'exprime) à partir de la connaissance de son substrat biologique et des pathologies de la parole qui affectent celui qui parle ainsi que la relation avec ses semblables et avec la langue qu'il partage avec eux. Cette synthèse inédite portant sur 200 ans de travaux divers, témoigne d'un dialogue rare entre analyse philosophique et savoir empirique pour repenser les relations entre langage, corps et esprit.