Un crime sans éclat, une enquête sans problème : « Contentez-vous de suivre la routine », dit le commissaire. L’inspecteur de police Joseph N. ne l’entend pas de cette oreille. Arrivé au terme de sa carrière, relégué sur la voie de garage d’un service administratif, il cherche à prendre sa revanche sur ses chefs et aussi bien sur le gâchis de sa vie privée. Insignifiante, cette enquête ? Pour lui, et à cause de Nadia, elle devient énorme : Nadia, le reflet de ses rêves d’adolescent, et l’épouse du meurtrier présumé... Dépositions maladroites, présomptions, indices et témoignages convergent vers une seule issue, fatale, mais logique : l’inspecteur se laisse glisser sur la pente de ses déductions, prisonnier de ses humiliations, assoiffé de se justifier devant lui-même. Quelle drogue, la toute-puissance et l’impunité que lui confèrent ses fonctions ! Sadique ? Non : il « travaille » le crime, comme d’autres travaillent le bois ou la pierre. L’ultimatum du juge d’instruction le condamne à réussir : il brûle alors les étapes et ne se contente plus d’un simple aveu. La vérité du crime ? Elle lui importe moins que la vérité de Nadia ; elle pèse moins lourd que le mystère d’un amour que l’inspecteur n’a jamais pu connaître. Les éléments de l’erreur judiciaire sont en place : son autopsie révèle de quelle source ténue se nourrit la misère humaine. Derrière l’histoire de l’inspecteur Joseph N., comme une toile de fond plane l’ombre de certains faits divers sordides qui suscitent actuellement la contestation des hommes de loi, ébranlent l’opinion publique et accusent... Avec La Pente Jean Kolar confirme le talent du romancier révélé par Paradis Parallèles, dont Gabriel Marcel a pu écrire qu’il opérait « une percée fulgurante à travers la nuit de notre temps ».