Un jour, j’ai éprouvé le besoin de rassembler les idées religieuses que j’avais librement mûries pendant des années, et qui tournaient toutes autour de ce point central : Dieu reste le mystère par excellence, le grand inconnu. Notre monde est situé à une distance incommensurable de sa réalité ; avec sa part immense de mal et de souffrance, il n’est guère que l’ombre de Dieu. Ces idées ne m’appartiennent pas, elles correspondent à la plus ancienne tradition occidentale, le dualisme, allant de Platon à Saint Paul. Pour les dualistes, il y a les ténèbres, et la lumière, irrémédiablement opposés. Ce monde est ténèbres, et la lumière lui est étrangère. Pourtant, des parcelles de lumière restent partout mêlées aux ténèbres, dans le monde comme en chaque être humain. C’est le mélange d’ombre et de clarté, de bien et de mal, qui rend la condition humaine si difficile à comprendre, et à vivre. Et c’est ce mélange que j’ai tâché d’illustrer par une suite de réflexions, sur l’Église et le progrès, le mal et la souffrance, la sexualité et la nourriture, la nature et la chasse, afin de donner un cadre concret à cette recherche spirituelle. Je n’ai pas d’autre ambition que d’extraire de l’ombre la plus minuscule des parcelles de lumière.