Une enfance triste près d’une tante sévère, une éducation rigide, ont fait de l’héroïne de La Rupture, un être inquiet, timoré, écrasé de culpabilité, assoiffé d’une tendresse dont la mort de sa mère l’a trop tôt privée. Elle épouse un universitaire, prestigieux voisin que ramènent les vacances, espérant échapper enfin aux contraintes qui l’étouffent. Cette union sera un échec, échec d’autant plus grand qu’elle est plus vulnérable, qu’elle se fait de l’amour une idée plus haute. Sa solitude sera aggravée par l’éloignement du pays natal dont elle garde une invincible nostalgie. Dépaysée dans son meublé montmartrois, après s’être soustraite à l’autorité d’un père sans caractère, d’une tante toujours prête à brandir les foudres du ciel, elle finit par tomber sous la coupe d’une belle-mère fantasque et tyrannique, près d’un mari infidèle et distrait. Après avoir timidement tenté de s’insurger, elle se résigne à ce sommeil de la volonté et du cœur. La guerre, l’occupation, un monde sans miséricorde, exaspèrent en elle le goût de l’expiation et la lient plus solidement que jamais à tout ce qu’elle voudrait fuir. Un amour heureux, entrevu comme une grâce, la délivrera. Et nous assisterons à cette lente et pénible rupture qui lui permettra non seulement de franchir son seuil mais de s’arracher à tous les sortilèges du passé. Elle s’ouvrira enfin à la joie, jusque-là refusée, et elle trouvera, près de l’homme qui a su l’attendre et l’aimer, l’audace de vivre.