Encore de l’encre violette sur les doigts, Sabine fait son apprentissage de l’indépendance. Elle a un sens aigu de l’humour mais pontifie en toute innocence. Elle est cultivée, intelligente, mais rate ses examens l’un après l’autre. Elle a confiance en sa fermeté de caractère, mais le premier arlequin venu lui fera perdre pied. Elle ne l’aimera pas, mais, devant ses inconséquences, réagira avec la violence des grandes passionnées de ses “Classiques pour Tous”. Alors, puisque ce ne sera ni par amour, ni par vraie jalousie, ni par sadisme, ni par veulerie, pourquoi Sabine glissera-t-elle sur la pente vertigineuse du crime ? D’elle, l’aînée, la fille sage, et de sa pauvre petite complice, Hélène, cervelle d’oiseau, qui sera, donc, l’instigatrice ? La meurtrière ? Qui le saurait ? Surtout pas elle, qui ne démêle plus le jeu du crime, ni son amie qui se brûle à tout coup, ni Julien, la victime, qui évolue, d’un pas égal, à travers les périls, avec la facilité et l’insignifiance d’un singe apprivoisé. Jusqu’où les deux linottes mèneront-elles leur projet insensé ? Dans ce récit, ni dessein philosophique, ni intention morale, ni souci d’analyse fouillée. Simplement, avec les élans, les velléités, les inquiétudes, les ardeurs, les flambées d’instinct d’une certaine adolescence, tout en nerfs, en humeurs, en joie, disons en vie, Meurtre d’un Serin n’est qu’une histoire, une simple histoire. Mais si l’on en croit le Larousse et que le roman soit, tout de même, “un récit, en prose, d’aventures imaginaires, inventées et combinées pour intéresser le lecteur”, Meurtre d’un Serin pourrait bien être un roman.