Rina Lasnier

Poète de l’essentiel

de Père René Pageau (auteur)

Maison d'édition : LIDEC

juillet 2012

J’ai été témoin, avec quelques autres, de l’aventure littéraire et spirituelle de Rina Lasnier. C’est sous le signe de l’amitié et de la gratitude que j’ai rédigé ces souvenirs en revisitant son œuvre avec une grande liberté.Cette idée m’est venue en réponse à la question qui revient si souvent depuis qu’on a baptisé de son nom la magnifique bibliothèque de Joliette : Qui est donc Rina Lasnier ?Il me semble que la substance de sa poésie m’a été révélée avec plus de clarté en relisant son œuvre, ses lettres et les dédicaces toujours inspirées de chacun de ses livres.La substance, disait-elle, ne s’apprend pas, elle est le passage de l’Ange, entre ce qui se voit et ne se voit pas, entre le visible et l’invisible. Voilà l’essentiel, le fondement de sa poésie. Ne faut-il pas suivre les signes qui nous y conduisent pour disparaître au profit de l’amour qui en est la substance ? Rina Lasnier nous révélera donc la face intérieure des choses.Son œuvre si intense et si fervente s’inspire avec évidence du vocabulaire nuptial de la Bible. Elle n’hésite pas à renverser l’ordre des mots, à les violenter, à rendre le langage subversif à travers la multiplicité des symboles et des figures de style. Elle n’hésite pas non plus à s’interroger avec fidélité, depuis ses débuts, sur son art poétique, même à l’intérieur de ses poèmes.Je me demande, écrit-elle, si la poésie m’épuise ou m’intériorise, car plus j’entre loin en elle, plus je deviens silencieuse… J’ai tout perdu…, tout quitté…, tout oublié… pour ce point immobile et seul de l’amour… J’ai gardé l’itinéraire sinueux vers la plénitude que nous nommons Amour et qui cache en nous tous les autres noms.J’ai choisi de suivre le chemin de son aventure jusqu’au silence des poèmes de son dernier recueil Champ perdu. Ne fallait-il pas passer par ce chemin pour découvrir les poèmes de son âme et en accueillir la lumineuse beauté ?