Une héroïne, mariée, qui prend un amant, court deux lièvres à la fois et les perd tous les deux, voilà qui est banal jusqu’au mystère. La narratrice, à laquelle n’arrivent que des malheurs, est une jeune femme qui a, comme on dit, tout pour être heureuse. Lucide et subtile, elle n’en subit pas moins coup sur coup deux ruptures, deux chagrins. Ce n’est ni par manque de charme ni par goût de l’échec : en fait, elle a mis tout son talent et sa persévérance à provoquer la catastrophe. Dès qu’elle est abandonnée, désespérée, victime pitoyable, dès que tout est perdu, elle a un accent de triomphe, un air de dire : je l’ai bien cherché, je ne l’ai vraiment pas volé, à nous deux maintenant. Nous deux, c’est-à-dire elle et, dans la solitude douloureusement conquise, l’étrange « devoir de vacance », l’écriture. La victime jette alors le masque et révèle une femme exigeante et obstinée.