L’HERBE AMÈRE n’est pas un roman. Ce n’est pas non plus exactement un journal. C’est le monologue intérieur d’un enfant de treize ans dont la vie s’est trouvée bouleversée par un drame : le divorce de ses parents. Sur un petit carnet bleu Thierry raconte son existence au jour le jour tandis que se poursuit l’action judiciaire qui va détruire ce que fut le foyer de son enfance. Il tente de résoudre seul les problèmes compliqués et déconcertants du monde des grandes personnes. Peu lui importent les raisons, bonnes ou mauvaises, qui ont séparé ses parents et ont fait de lui, de son frère, de sa sœur, des enfants pas comme les autres. Il regarde autour de lui et, quoique sans haine ni révolte, juge et condamne tous les adultes qui osent « délier ce que Dieu ne leur a pas permis de délier ». Conscient d’avoir définitivement perdu son enfance par la faute de ce divorce, Thierry aspire à la solitude : il la trouvera sur son bateau, où il sera enfin « en vacances de la vie des autres ». On ne pourra rester insensible à la détresse dont témoigne cette protestation qui rend un son d’authenticité. A la lumière de cet ouvrage, peut-être le lecteur adulte regardera-t-il sa propre vie avec la lucidité et l’intransigeance retrouvées de son adolescence.