Je ne me suis pas proposé d'examiner à fond tout l'univers de la violence, ni d'illustrer toutes les situations d'où elle peut jaillir : cette tâche aurait été infinie et d'ailleurs un grand nombre de spécialistes s'y sont déjà adonnés. Je me suis donné deux objectifs bien délimités. En premier lieu, mettre en évidence la structure du comportement violent à partir, selon la méthode qui m'est habituelle, des données de sa phénoménologie. En deuxième lieu, après avoir examiné comment la violence se présente, tâcher de comprendre et de discuter les raisons (ou le pourquoi) de cet aspect selon moi vraiment nouveau qui caractérise la situation contemporaine : à savoir le jugement favorable dont jouit si souvent la violence. Il s'agit de deux objectifs limités, je le répète, mais non marginaux, et qui peuvent nous permettre d'atteindre un détachement critique nécessaire à l'égard d'un phénomène qui nous concerne tous de si près et de l'atmosphère presque de fatalité qui semble trop souvent l'entourer.