Il s’agit, en quelque sorte, du roman de la passion ; d’une passion qui n’est justifiée que par la beauté sauvage d’une fille de Macédoine, et cela en dépit de mille et mille raisons qui, normalement, devraient la condamner. Mais rien, aucun danger, même pas les menaces de mort de celle qui est aimée, n’arrive à désarmer Jean Leclère. Il est complètement sous l’emprise de cette femme qui, elle, ne songe qu’à la vengeance et qui, constamment, le déroute par ses différentes attitudes. Mais par quoi sont dictées ces attitudes ? Qui pousse Stenia à agir comme elle le fait ? Et, au fond, quel dessein nourrit-elle vraiment, lorsqu’elle engage celui qui ne voit que par elle dans une expédition périlleuse au fond des sombres montagnes du Pirim, où le redoutable comitadji Vanché Mikaïloff se chauffe au feu de bois, tenant tête à ses ennemis, ses rivaux, et même à la troupe officielle ? Dans un décor d’une brutalité jamais encore décrite, Robert Gaillard a fait vivre des héros qui ne sont nullement imaginaires. Ce récit historique se déroule en 1934, et s’il n’a plus aucun lien avec les événements qui peuvent se dérouler aujourd’hui sous le même ciel, il n’en est pas moins rigoureusement exact et a été vécu. C’est donc dans un cadre nouveau, sous une nouvelle latitude, que nous emmène cette fois l’auteur de "L’homme de la Jamaïque" et de maints autres romans, tous aussi passionnants, et qui ont groupé un si large public. L’atmosphère mystérieuse, trouble, angoissante, dont il a si bien enveloppé son intrigue et qui ne s’éclaire brusquement qu’aux toutes dernières lignes — et de quelle façon tragique ! — tient constamment en haleine. Et le lecteur fait, avec l’auteur, un merveilleux voyage dans des sites pour ainsi dire inconnus, inviolés, et qui semblent cependant être les plus beaux du monde.