L’enfance : une série d’épreuves, dans toutes les acceptions du terme, sauf une : cet état d’imperfection qui exige ratures, corrections, mises au net. Car c’est l’homme, c’est l’adulte, en ce sens, qui se fait brouillon, série d’essais, afin de renouer avec cette innocence par laquelle il recouvrerait sa couronne de Petit Prince, celui du royaume dont il sait bien que, pour y entrer, il faudra renaître, passer par le chas... Toute la démarche de ce recueil est une quête de cet état d’absolu, de pureté native qui habitait notre premier regard sur le monde, et que les images du monde - ces épreuves soumises par les “grandes” personnes - ont peu à peu souillé. Il s’agit ici, selon le mot de Bernanos, de retrouver “l’esprit d’enfance”, en se mettant à la recherche du Domaine perdu, d’Yvonne et de Frantz et d’Augustin Meaulnes, en appliquant bien ses pas dans les traces laissées, ici ou là, par “l’enfant que je fus et qui est à présent, pour moi, comme un aïeul.”. Il s’agit ici, pour le poète, de “grandir en racines” et de “s’élever en enfance”.