Suivant des sources byzantines, l'Ordre secret du Dragon d'Or aurait été institué par Alexandre le Grand : les conjurés mystiques appartenant à cette impériale Chrysopopée devaient servir le visible par les moyens de l'invisible et, tout comme les Gibelins en Occident bien plus tard, faire le sacrifice de leur vie pour le maintien et le développement cosmologique du Règne. Mais l'exaltation trans-historique du Règne par les voies détournées et secrètes de la théurgie mystique ne sont-elles pas les mêmes que les voies à la fois astrales, lunaires et solaires de la plus grande poésie, qui tente indéfiniment de ramener au visible ce qui séjourne éternellement dans l'invisible? Et l'insigne de l'Ordre du Dragon d'Or, le serpent céleste taillé en bois de cornouiller sommant le bâton théurgique du Pâtre. Inidentifiable, n'est-elle pas aussi l'insigne d'une certaine dignité poétique, dont la détention confère des inconcevables pouvoirs dans l'invisible et dans l'invisible? Aussi les Dragons d'Or qui ornaient, récemment encore, le bâton des pâtres anonymes dans les montagnes sauvages de la Macédoine Intérieure montraient-ils, à ceux qui savaient encore voir, que même dans les fosses nocturnes de l'histoire après sa fin le vrai Règne Impérial se perpétue, invisiblement, et qu'il se confond, désormais, avec les pouvoirs les plus secrets de la grande poésie. Dans le Nekronomikon, on peut lire : Nyarlathotep, ou le Chaos Rampant, est l'Ether servant de médiateur entre les différents aspects des Vénérables Anciens. Pouvant exister sous n'importe quelle forme à n'importe quel endroit et à n'importe quelle époque, il est le réceptacle de leur volonté combinée, leur messager et leur serviteur. Astrologiquement, Nyarlathotep relève de la Voie Lactée, cette bande mystique de lumière nébuleuse qui s'étend dans les cieux avec une inclinaison de 63° par rapport à l'équateur céleste et délimite notre galaxie. Les anciens Akkadiens reliaient cette pâle lumière à leur mythe du grand Dragon d'Or, symbole du soleil qui brille invisiblement au plus noir de la nuit.