Pour l'artiste, cet être complexe dont le système nerveux a un excédent de ramifications, tout est simple, hormis lui-même. Le monde se divise en deux blocs : d'un côté, ceux qui ne le comprennent pas; de l'autre ceux qui le comprennent. Celui-qui-ne-le-comprend-pas se définit en trois lettres : c'est un sot. L'autre est, en trois lettres également mais sans confusion possible : le « Fan ». Etymologiquement, ce « Fan » ne vient pas de l'anglais mais plus classiquement du latin : « fanaticus ». Vous retrouvez là la puissante image de l'idole, de l'adoration... Le « fanaticus » devenu « fou » c'est l'éternel adorateur qui sacrifiait jadis sa chevelure à Apollon et aujourd'hui arrache la sienne à Mariano. Jacqueline Cartier et Dropy ont observé ce phénomène dans le cadre des coulisses du music-hall et de la radio. Cas d'espèce si généralisé aujourd'hui que Tino Rossi, pour sa part, totalise 20.000 fans, homologués sur le fichier de son club. A leur suite, vous accompagnerez les Bécaudistes, les Marianistes dans leurs croisades, vous remonterez dans le passé de l'enfant de la balle, Aznavour, dont les chansons sont en tête de la vente générale..., vous dépouillerez le courrier sentimental de Constantine.... Vous verrez comment le fou Trenet est devenu roi et suivrez à la trace Bechet, Montand, Brassens tout en perçant la retraite secrète de Claveau. Vous découvrirez le nouveau défenseur de la chanson parisienne, né à Smyrne : Dario Moreno, et comprendrez (peut-être) l'enthousiasme extrême des fans qui — dès qu'ils sont en foule — cassent les fauteuils d'orchestre et envoient quelques-uns des leurs à l'hôpital.