Pour présenter les pauvres en Europe du seizième au dix-huitième siècle l'auteur procède par deux démarches complémentaires. Il propose d'abord une typologie des pauvres, des mendiants et des vagabonds. Il montre ainsi comment, dans les sociétés européennes de l'époque moderne, la présence de groupes pauvres est possible ou, plutôt, inéluctable. Cependant, les pauvres, largement analphabètes, n'ont eu ni le temps, ni les moyens de se raconter. Les témoignages qui permettent de les décrire émanent presque tous d'autres groupes sociaux. Ils peuvent être largement influencés par la peur, le mépris, l'incompréhension. C'est là ce qui justifie la seconde démarche de l'auteur. Pour critiquer ses documents, il s'interroge sur l'idée et sur l'image que la société se fait de ses franges les plus humbles à différentes époques. Ainsi l'étude de la vision des pauvres par la société et de l'évolution de cette vision pendant trois siècles doit éclairer l'histoire des pauvres. Histoire sociale et histoire des représentations collectives doivent s'épauler dans l'analyse du paupérisme des sociétés de l'époque moderne.Jean-Pierre Gutton, agrégé d'histoire et docteur ès lettres, est professeur à l'Université de Lyon.