« Pour nous, l'amiante, c'est la mort. Ils savaient que sa poussière ronge les poumons. Le patron le savait. Le chef de la médecine du travail du département le savait. Les pouvoirs publics le savaient. Ils ne nous ont rien dit. Maintenant, nous comptons nos morts…À qui le tour maintenant ? Qui d'entre nous est atteint d'asbestose, maladie comparable à la silicose des mineurs ? Qui risque le mésothélium, cette forme rare du cancer de la plèvre ou du péritoine ? » (Extrait du S.O.S. des Amisol, La Vie ouvrière, 21 juillet 1976.)À Amisol, le patron est parti, laissant les ouvrières malades et au chômage.Dans les usines de Ferodo, Eternit, Saint-Gobain/Pont-à-Mousson, 15 000 ouvriers travaillent l'amiante en France. Ce minerai fibreux - extrait au Québec, en Afrique du Sud ou en URSS - entre dans la fabrication de près de 3 000 produits industriels. À tous les stades de la production, de puissantes multinationales se partagent le marché, encaissent les profits, financent de tapageuses campagnes de publicité, pour nous « apprendre à vivre avec l'amiante ».Au voisinage des usines, mais aussi dans les constructions modernes du type de l'Université Paris-Jussieu (voir en couverture), dans les CES et les parkings, dans les églises et les prisons, et jusque dans nos boissons, nous sommes tous mis en contact avec ce matériau.Apprendrons-nous à mourir du cancer ?Dossier à l'usage de celles et de ceux qui veulent agir, sans s'en remettre aux spécialistes, ce livre a été écrit collectivement par des militant(e) s syndiqué(e) s ou non engagé(e) s dans cette lutte. C'est le témoignage d'une action syndicale, pour la santé de tout le personnel d'une université, menée en liaison avec les ouvriers de l'industrie de l'amiante. C'est aussi une tentative d'approche globale, incluant la défense des consommateurs et de l'environnement.