Marie n’existe pas. Elle est le symbole de ces situations extrêmes, qui nous arrachent au quotidien et nous renvoient aux origines, comme les soubresauts de l’Histoire effacent les peuples d’Occident aux modes éphémères, et ressuscitent en eux le leg sous-jacent de la Rome chrétienne et païenne. Écrit à la première personne, ce récit de voyage - mêlé de poésies - raconte un tel reflux. Un amour brisé, une vocation longtemps contrariée... et nous voici partis : “Chacun mange autour de nous. Jean-Paul aussi s’est remis à la mastication. Le soleil, de sa lave, taille des pans d’ombre plaqués au sol, sanctuaires que plus un son ne pénètre. Au loin, s’étire la voie Appienne, flanquée de séculaires pins, nus dans la lumière, écailles brunies par le feu du ciel, fournaise aux tombeaux trémulants, sans cigales, pas même par le temps déchus, mais déjà résorbés dans le tout immobile, où rien ne naît, où rien ne meurt, suspendus dans le souffle indécis de l’âme, trémulations de blés éclatés, aussitôt nés, aussitôt d’or, si tôt qu’ils ne furent pas, comme ne furent jamais les espaces de nos vies, ni les fantômes aérés planant dans la glauque fixité de la matière.” (Troisième journée.)