Lise Caserta, qui nous vient de Provence, l'avoue dès le début de son œuvre : elle ne connaissait pas très bien le lointain Bourbonnais, au cœur de la France, et encore moins le paysan-écrivain d'Ygrande, Émile Guillaumin, qui frôle le prix Goncourt avec son chef-d'oeuvre : "La Vie d'un Simple".Eh bien ! Lise Caserta a fini par si bien connaître Émile Guillaumin et le Bourbonnais qu'elle s'est vu consacrée justement, l'an dernier, grand Prix Émile-Guillaumin, au cours d'une belle réception, en capitale du Bourbonnais, Moulins, où elle compte désormais de légitimes admirateurs et amis. Tant il est vrai que la qualité, la finesse d'observation, la résonance psychologique de son étude sur l'évolution du monde rural bourbonnais, dans la deuxième partie du XIXe siècle, lui a fait côtoyer et profondément comprendre la personnalité d'Émile Guillaumin à travers des œuvres révélatrices de réalités telles qu'elles ont ouvert bien des horizons nouveaux d'espérer pour la paysannerie de l'époque. Et pas seulement pour le Bourbonnais, mais pour la situation rurale entière des petits fermiers et métayers.Quand l'art d'écrire s'est emparé si bien comme cela d'un inconnu et bon travailleur de la terre, il fallut bien que cet art parlât au plus franc et au plus haut, et il fallut bien qu'il devînt parole universelle.Lise Caserta, avec un sens aigu, précis et particulièrement généreux et sensible de stricte vérité, au gré d'une étude aussi instructive que touchante, est de celles et de ceux qui contribuent parfaitement, et avec un singulier élan de reconnaissance et d'amitié pour l'écrivain-paysan d'Ygrande, à cette universalité du témoignage historique et de la littérature bourbonnaise.Daniel LARCHER