Ce dernier livre de Jacques Bloch-Morhange peut paraître à qui le feuillette rapidement une succession d’anecdotes sans lien apparent, sur une période d’histoire contemporaine qui va de 1944 à 1958. Mais le lecteur attentif saura découvrir derrière ces épisodes l’idée générale, la ligne d’action et de pensée de l’auteur, ainsi que l’histoire générale de la France pendant ces années de l’après-guerre. 1944 est l’année de la France malade, puis ce sont les mois de convalescence. L’essai de reconstruction du pays, les tentatives et les échecs d’une politique sans cohésion. Jacques Bloch-Morhange a assisté, a participé aux efforts de la France. Il a été témoin des luttes de partis qui déchiraient la IVe République, et il a, pour parler de certains faits ou de la conduite de certains hommes, des paroles mordantes et sans indulgence. Mais il peut parler de cette façon, car il n’a pas été seulement spectateur passif, il fut aussi acteur dans cette pièce aux multiples tableaux, aux rebondissements imprévisibles. Puis, c’est le 13 mai, le retour du général de Gaulle. Cette rentrée sur la scène politique mûrement réfléchie, aboutissement de plusieurs années de patience dans l’ombre, une rentrée dans la « légalité », comme le voulait le général. Le ton plaisant qu’a utilisé l’auteur pour raconter les souvenirs qu’il a gardés de ces années donne au livre un intérêt sans cesse renouvelé. Toutefois, le style du dernier chapitre des Politiciens est bien différent du reste du volume ; il est grave et donne à réfléchir, car il ouvre des horizons nouveaux