Bien qu’elle n’abandonne à notre faim qu’une mince plaquette, Michèle Nerson lui offre une pâte riche en levain, un grain prometteur de moissons futures. Elle dit, plus qu’elle ne chante, ses désillusions et ses espoirs, avec toute la simplicité d’une jeunesse que la vie n’a pas encore meurtrie de cernes indélébiles. Si elle exalte sa soif de vivre, c’est avec la prémonition de ceux qui savent qu’on a toujours le temps de vivre et qu’il ne sert à rien de vouloir brûler les étapes. Et si elle demande à l’heure qui passe comme un soupir, à l’heure jamais pressée de suspendre son vol, c’est pour lui permettre d’écouter les mille voix de cet instant meurtri, de cet instant de gloire où l’homme prend son vol et se suspend à l’infini. Le souci du temps qui passe, amène tout naturellement Michèle Nerson au désir de fixer l’instant, et on ne peut s’étonner que lorsqu’elle cherche à donner de son amour une définition définitive, elle le compare à l’éternité.