Le succès donne-t-il du talent ? Si oui, Roger Peyrefitte, en a-t-il ? Statue de marbre ou statue de carton-pâte, écrivain ou habile marchand, depuis près de quarante ans qu’il occupe le devant de la scène, le sémillant Roger Peyrefitte joue un rôle dans l’édition. En joue-t-il un dans la littérature française ? Conformiste dans son non-conformisme, il a, après quelques ouvrages aux odeurs de soufre bien éventées, amusé les foules. Descendant de plus en plus bas dans le marécage des ragots, c’est lui, maintenant, que l’on moque, quand il ne déchaîne pas la fureur, à fustiger sans nuance, comme il le fait, ses illustres confrères ou toutes les fausses gloires, les personnages-spectacle, les bouffons dérisoires ou d’authentiques braves gens, qu’il rencontre. De quel droit ce beau monsieur donne-t-il la leçon aux autres, et qui le lui demande ? À tant traquer, à tant dénoncer les mœurs de ses contemporains, il devait s’exposer à recevoir la discipline. Aujourd’hui, le permanent défi qu’il lance à la littérature française, à l’intelligence, à la rigueur, aussi, de ses lecteurs, est relevé, et cette liberté que Roger Peyrefitte revendique avec éclat pour lui-même, Maurice Périsset la prend à son tour, pour remettre à sa vraie place un homme de lettres qui confond morale et dénonciation et qui s’abaisse en abaissant. Analyse féroce d’une œuvre ô combien surévaluée, livre d’humeur, livre scandale dans la grande tradition du pamphlet, “Roger Peyrefitte ou la boutiquière de Castres” est aussi un livre d’humour décapant, où l’on rit enfin aux éclats de celui qui s’est tant moqué des autres.