Le destin historique des Alsaciens les a fait entrer dans un cadre politique, social, linguistique et culturel qui, à l’origine, leur était fondamentalement étranger. Creusant un certain nombre de traits spécifiques, ce contact avec un nouvel univers a fini par faire des Alsaciens un groupe social original. Avec le temps, il y a eu distorsion entre la nécessité de participer pleinement à la vie de leur nouvelle communauté nationale, et leur volonté de rester eux-mêmes. C’est là qu’il faut chercher les causes profondes de la crise d’identité que traverse l’Alsacien d’aujourd’hui. S’intégrer sans se désintégrer, tel est le dilemme devant lequel il se trouve placé. Si l’identité alsacienne connaît sa plus grave crise de l’Histoire, c’est qu’elle se trouve livrée, presque sans défense, à l’action de forces qui, sous de fallacieux prétextes, cherchent à écraser tout ce qui leur semble non conforme aux normes qu’elles ont fixées arbitrairement. Ces forces ne sont pas anonymes, tant s’en faut. Refuser de sacrifier son être au pouvoir et à la gloire éphémères des Puissants de la Terre, ce n’est pas le combat de quelques Alsaciens attardés. C’est le combat de tout homme qui refuse de se laisser condamner à l’inexistence.