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Résumé

Tina Kazakhishvili est photographe. Avec la série Asile (Mental Hospital) elle avance dans des couloirs saisissants et elle attrape au vol les formes humaines qui s’y trouvent. Le noir & blanc renforce les expressions et l’intensité des regards élude les détails parasites. Ne restent que les bras, les visages, les postures et ce qu’ils semblent articuler, discours solitaires et fragiles. Maryse Hache se fait porteuse de paroles et réverbération. Avec les photos de Tina Kazakhishvili qu’elle reçoit (au sens de réception, prendre, et faire toute la place pour accueillir), elle construit un fondu enchaîné de dialogues, d’appels, bribes de sensations venues des corps énonciateurs. Elle donne à lire — comme Tina Kazakhishvili donne à voir — ces paroles oubliées de tous, parquées dans des couloirs perdus, muselées de murs, de grilles, de chambres closes. Elle avance son chemin, parallèle à celui de la photographe, non pas assujettie au pouvoir des photos, mais découvreuse et accompagnatrice. D’autres chambres surgissent et d’autres murs coulissent, qu’elle explore, dont elle témoigne. Témoignage : donner à lire ce qui ne peut se dire, car les paroles sont condamnées (trop de douleurs rend muet). Et faire entendre les voix cachées des profondeurs, celles qui n’ont pas de place ou si peu, celles qui n’ont pas de forces ou les ont toutes perdues, car la vie brise. Et elle brandit ce témoignage, réparatrice. Toutes les deux marchent dans un lieu hors des normes et des hommes, un Asile, lieu de repos, de soulagement ? Peut-être simplement lieu à l’écart de tout, de tous. Et toutes les deux déplacent, remettent au centre de l’attention ce qui se trouvait relégué à la marge. En tirent leçon d’humanité, sans pitié, ni misérabilisme, mais toutes entières mues par un « Tu es. Je te vois. J’entends ce que tu ne dis pas, ce que personne n’écoute ». Travail d’acceptation de ceux-là, et invitation qui nous est faite de les voir, enfin, portés par elles. Tina Kazakhishvili continue son travail de photographe, et va capter d’autres visages dans d’autres mondes obscurs. Maryse Hache continue, en nous, pour nous, son travail du dire et du lirécrire, même si la mort l’atteint, le 25 octobre 2012. Finalement, que ce soit dans les corps, les lieux, les images ou les mots, il n’est question que de toucher, malgré tous les obstacles, ce qui ne pouvait pas s’atteindre.

Christine Jeanney

Auteur

  • Maryse Hache (auteur)

    Après études de philosophie et enseignement, passe au théâtre / elle ouvre, dans le webmonde, un blog en 2008 : semenoir, où elle poursuit, à vue, un travail d’écRiture et de réflexion, de lire-écRire, et de rencontre avec les auteurs vivants. Maryse Hache vit écRit et lit en vallée de Chevreuse jusqu’en octobre 2012, date de sa mort.

    Son site : http://www.semenoir.typepad.fr

Auteur(s) : Maryse Hache, Tina Kazakhishvili

Caractéristiques

Editeur : publie.net

Auteur(s) : Maryse Hache, Tina Kazakhishvili

Publication : 2 septembre 2013

Edition : 1ère édition

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB]

Contenu(s) : ePub, Mobi/Kindle, WEB

Protection(s) : Aucune (ePub), Aucune (Mobi/Kindle), DRM (WEB)

Taille(s) : 3,42 Mo (ePub), 6,43 Mo (Mobi/Kindle), 1 octet (WEB)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3691, 3633

EAN13 Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB] : 9782814507326

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