À mi-chemin du rire et de la colère, un ouvrage plein de vérités premières, à peine voilées d’un sourire, où l’on retrouve la verve, à la fois émouvante et caustique, de “5 de campagne et le bon-sens cartésien du charcutier de Machoinville” ! Le thème : en 1982, à l’appel du Parti communiste, alors tout à fait légalement installé au pouvoir, par suite de la carence des gouvernements qui se sont succédé, les troupes russes arrivent — amicalement — pour “rétablir l’ordre”... Les ouvriers ne tardent guère à découvrir que leur conception du nirvâna soviétique se trouve assez éloignée de la réalité (quant aux bourgeois, on ne leur demande évidemment pas leur avis !). Le climat se détériore rapidement et des bagarres éclatent, à l’issue desquelles les contestataires se retrouvent aux mines de sel : “destin cruel — note l’auteur — pour une population qui, de son état naturel, se trouvait déjà passablement altérée”... C’est d’ailleurs sur ce point, que prend une importance particulière le conflit qui met fin au livre : l’armée russe, entre autres choses, réquisitionne les vins — comme l’ont toujours fait les armées d’occupation ! Et des vignerons fondent alors, dans le Beaujolais, la première organisation de résistance : le “Réseau Litron”... Cette citation suffit à donner le ton d’un ouvrage qui, en dépit de son titre inquiétant, n’est pas fait pour engendrer la mélancolie. Il est bien suffisant de penser — conclut l’auteur, avec son habituel goût du paradoxe — que ces choses pourraient arriver, mais n’arriveront sans doute pas... Surtout si, comme lui, beaucoup de personnes avaient le courage de proclamer - à voix haute - ce qu’elles chuchotent tout bas !