Le retour d’un tel voyage vous plonge dans une sorte de prostration, dans un mutisme assourdissant. Et c’est la vie elle-même, qui se charge de vous ramener à la réalité. Celle de l’oubli, ou plutôt de la vie qui passionne... Alors, le Viêt Nam semble lointain. Mais "Paris-Saïgon" le fera ressurgir comme un revenant. "Paris-Saïgon", englouti en deux ou trois traites comme une « bababa » glacée, salvatrice et rédemptrice, vous happera et vous y replongera. Précipité par la plume inspirée et acérée de François Thilloy, vous vous retrouverez dans la moiteur du train qui traîne, dans l’harassante chaleur urbaine, dans le raffut des scooters... Vous reverrez ces aó dài magnétiques et ces femmes aux chapeaux coniques. À l’affût comme un « tigre noir », le lecteur guettera les détours des phrases car, derrière chaque mot, se cachent une odeur, un son, une saveur, un ton, une couleur... des impressions. Bien plus que cela peut-être même, ce livre semble être le récit d’une réincarnation. Né le 16 août 1963, alors qu’un bonze s’immolait à Huê, l’auteur n’est-il pas un réincarné, sur les traces de son passé ? Était-il moine ou guerrier ? Ben-Ismaïl Karim, journaliste indépendant