Bâtisseurs et donneurs d’ouvrage forment depuis toujours un couple indissociable au sein duquel les questions d’argent sont primordiales. Après le temps, à l’aube de la Ve République, où l’administration contrôlait les grands chantiers publics, tenant les hommes politiques à distance, vint celui du « gaullisme immobilier » et des premiers scandales financiers mettant en cause des parlementaires. Avec la période giscardienne et l’inflation des frais de propagande politique, les bureaux d’études et autres techniques de financement occulte ont fleuri jusqu’à ce que le système dégénère, notamment en raison des excès liés à la décentralisation. Cette lente dérive, comme les insuffisances des législations actuelles, Claude Popis en retrace les étapes non pas en observateur mais en praticien. Dirigeant d’une grande entreprise de bâtiment, il a été en particulier gérant de SORMAE et incarcéré à ce titre pendant plusieurs mois dans le cadre de l’affaire des fausses factures du Sud-Est. À la suite de cette expérience traumatisante mais aussi de trente années de pratique des relations entre politiciens et constructeurs, Claude Popis décrit un univers méconnu, où les tractations financières ne signifient pas nécessairement corruption et les services rendus trafic d’influence. Analyse historique remarquablement documentée en même temps que témoignage révélateur, un livre salutaire pour en finir avec les excès du « tous pourris » et voir la société comme elle va.