Paris-sur-dèche. Ancienne prison, devenue lieu d'humanité et d'espérance, la Maison de Nanterre est un havre ouvert aux sans-abri de la capitale. Trois mille repas chauds y sont servis chaque jour, plus de deux mille hommes et femmes y trouvent un lit où dormir. Quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, tous reçoivent ici les soins médicaux, dont ils ont besoin et le réconfort moral qui, peut-être, les aidera à se réinsérer. Clochards, zonards, paumés, ces ʺhors-mondeʺ ne possèdent plus rien. Seul un regard, singulièrement aigu et fraternel, pouvait percevoir la dignité blessée, déceler la tendresse secrète et fragile, et les trésors d'amour, que recèlent certains de leurs regards, de leurs gestes, de leurs sourires. Photographe à Paris Match, Bruno Bachelet a fréquenté, pendant dix ans, la Maison de Nanterre. En reporter, mais aussi en ami. Loin de tout voyeurisme, les images qu'il en a rapportées sont un témoignage pathétique et implacable. « Un cri violent venu de loin, un cri qui tétanise », écrit Roger Thérond, directeur général de Paris Match, dans la préface de cet album à la fois terrible et lumineux, édité au profit exclusif des SDF.