Accusée d’impuissance devant les nouvelles formes de criminalité, soupçonnée de pêcher en eau trouble, mal aimée, mise en cause dans ses méthodes, la police traverse une crise d’adaptation et s’interroge sur le sens de sa mission et sa place dans la société. Est-elle mal employée, voire détournée de sa véritable finalité, instrument d’oppression ? Ou est-elle auxiliaire de la justice sociale ? Pour la première fois, un responsable de la fameuse « police des polices » parle avec franchise des sujets les plus délicats et aborde sans détour le malaise de la police. Il ne couvre aucune « bavure » ni aucun excès de zèle. L’affaire Ben Barka est évoquée par lui comme le péché mortel. Connu de ses collègues comme inflexible et voulant changer l’image de marque de la police française, Guy Denis défend une éthique rigoureuse et indique le chenal étroit dans lequel le policier doit évoluer pour ne pas trahir l’honneur professionnel ni le service du citoyen. Si l’on veut que soient sauvegardées les libertés publiques, la police ne doit pas tomber dans les pièges de l’extrémisme, mais se tenir à bonne distance et du régime policier et de l’anarchie. L’efficacité à n’importe quel prix ? Non, la fin ne justifie pas les moyens. « Il est des sources d’information impures auxquelles il est recommandé de ne pas s’abreuver sous peine d’indignité, ce qui est pire que l’impuissance. » L’auteur concilie Saint-Just et Montesquieu. Il s’attache à reconnaître le vrai et le faux dans les opinions contraires émises sur la police, et il cherche à imprégner la criminologie d’un « nouvel esprit des lois ». Plutôt juge que censeur, il est un « ombudsman » qui peut harmoniser les rapports entre les Français et leur police.