Condamné à mort en 1939, après la Guerre d’Espagne (peine commuée en détention à vie) puis amnistié, Eduardo Manzaneque, après vingt-cinq années d’emprisonnement, quitte le pénitencier de Chinchilla. « Le jour de son emprisonnement, il était très jeune, les arbres de l’allée qu’il avait parcourue, enchaîné à un autre homme, venaient tout juste d’être plantés. À présent, ils ont grandi, l’allée est devenue méconnaissable, la ville aussi, autant que les hommes. Tout frappe d’étonnement et de surprise Eduardo Manzaneque, fatigué et épuisé. Assigné à résidence, il retourne à son village, Valdivia, dans la province de Teruel. Ses parents sont morts. Le village l’est aussi ; Isabelle, sa fiancée, a disparu. Par ruelles entières, par quartiers, les habitants ont quitté Valdivia, qu’ils aimaient passionnément, chassés par la désolation qu’a créée le meurtre. La vie s’y est étiolée, on n’y découvre que des fantômes du passé. Plus seul qu’au bagne, Eduardo Manzaneque quittera Valdivia.