Sur cette photographie, en 1913, Chalon est en fête. Monsieur Thierry, ministre des Travaux publics, inaugure le pont Jean Richard. Armandine Turlot a été choisie pour lire le discours de bienvenue. Parce qu’elle a quinze printemps et des cheveux descendant jusqu’aux genoux, parce que, digne fille de sa mère, directrice d’école, elle est une des meilleures élèves du collège de jeunes filles. Et parce que son père, entrepreneur de battages, est conseiller municipal à Chalon. Armandine est un peu l’héroïne de cette fête républicaine. Aujourd’hui, en 1983, Armandine Allonot-Turlot a soixante-dix ans de plus. Elle habite une vieille maison, à l’abri du prieuré Clunisien de Malay, maison dont les fleurs et les poissons rouges gardent l’entrée. Les cheveux ont blanchi, mais l’esprit est demeuré tout aussi alerte. Avec la minutie et la fraîcheur d’un peintre naïf, Madame Allonot nous décrit, en une série de délicieux petits tableaux, le Chalon de son enfance. On succombe vite au charme.