1764-1767 : en ces années de misère, qui exhaleront bientôt leur plainte dans les cahiers de doléances et finiront par sonner le glas de l’ancien régime, souffre le peuple du Gévaudan, affronté à une bête monstrueuse dont l’identification donne lieu aux versions les plus effrayantes : l’évêque de Mende ne parle-t-il pas d’un fléau envoyé par Dieu ? De nos jours l’énigme est savamment entretenue par certains pour les besoins de leur commerce ou une soif de notoriété les conduisant -pour étonner-à tordre le cou à des aspects “gênants” de l’histoire. Il fallait un regard scientifique pour mettre en ordre et faire parler les documents d’alors. Guy Crouzet y aura consacré dix années de sa vie. Connaissant bien ces hautes terres et leurs habitants, il a patiemment reconstitué chacun des épisodes, l’a passé au crible des données géographiques, cynégétiques, judiciaires, religieuses et psycho-historiques les plus fiables, pour déboucher enfin sur de passionnantes synthèses. Travail minutieux, explorant les clairs-obscurs de récits souvent imparfaits établis par les seuls lettrés qu’étaient les prêtres, les chasseurs “titrés” lancés aux trousses de la bête, les intendants et leurs subdélégués. Guy Crouzet suit un cheminement qui le fait sacrifier d’abord, et constamment, à la rigueur et à la probité intellectuelle. Un grand livre sur la bête du Gévaudan ! Bien écrit ! Où l’intérêt est sans cesse tenu en éveil, où chaque page éclaire avec objectivité un sujet controversé depuis plus de deux siècles.