Avec « Les complexes de Vichy », c’est en effet tout le destin d’une ville — désormais historique — qu’il fait surgir en évoquant, sous une forme autobiographique à peine déguisée, les heures de faste et de vicissitudes, la gloire, le déclin, puis le renouveau de cette cité. Ce récit, qui reste marqué par les notations d’un enfant particulièrement attentif, offre au lecteur le film d’un extraordinaire reportage vécu. Devant lui, défilent d’abord les images d’une ville d’eau, reine des stations thermales d’avant-guerre, puis celles de ces quatre années, durant lesquelles Vichy devint la capitale d’un étrange régime politique de transition entre deux républiques. Pour la première fois, un habitant de Vichy — et non plus un historien de l’État Français — nous montre, avec précision et lucidité, l’aspect quotidien d’une métropole artificielle, où les intrigues et les révolutions de palais se noyaient dans un verre d’eau minérale. En dernière vision, nous est offert le spectacle de Vichy, cherchant — au lendemain du conflit mondial — à reconquérir sa place de capitale... thermale et à élargir ses horizons. Ne serait-ce que pour ce panorama d’histoire contemporaine, « Les complexes de Vichy » vaut d’être lu avec beaucoup d’intérêt. Mais son mérite est d’être, aussi, un des rares ouvrages historiques, où la poésie et l’ironie accomplissent un heureux mélange. La sensibilité et l’humour exprimés par Georges Frélastre sont tels, que son livre fait de cette curieuse aventure de Vichy, de ses eaux magiques, et de son destin de capitale éphémère de la France, une ode réconfortante à l’amour de nos vieilles provinces.