« ...Xavier Moralité en était outré. Sa pudeur se trouvait singulièrement meurtrie devant l’exhibition des appas vieillots de son aïeule, exposés — songeait-il — à des milliers, des millions, peut-être, de concupiscences inconnues. Le spectacle de ces anatomies, qu’il jugeait indécentes, loin d’éveiller en lui la moindre appétence, grossissait, en revanche, le flot de questions qui l’assaillaient sur ces êtres incongrus que sont les femmes. Qu’était-ce, en premier lieu qu’une « vraie » femme ? À quoi mesurait-on son authenticité ? Et pourquoi une femme nue était-elle tellement plus nue qu’un homme nu ? Car le fait était incontestable. D’ailleurs, il ne trouvait pas ces nudités, molles et diffuses, esthétiques... Pourtant, à les contempler, il ne pouvait se défendre de l’émoi. Alors, en quoi consistait l’ensorcellement féminin, capable, il en était témoin, de tourner la tête à un homme ? Et où diable s’élaborait son alchimie ? Par bonheur, ces interrogations inopportunes ne le sollicitaient que la nuit, au moment de l’endormissement, ou bien lors d’intervalles insidieux que l’inquiétude insomniaque creusait dans son sommeil. » Une aventure tout intérieure, où les assaillants sont les incertitudes, les voyages, au cœur de l’ambiguïté, et dont le contexte historique aura été l’enfance.